Anamnèse Acte II

ANAMNÈSE ACTE II

Lu un jour : « Le souvenir est une constellation temporaire ».

Et aussi que le souvenir rejoint le rêve.

Non pas dans sa dimension visuelle mais dans son rapport viscéral au sujet.

Le souvenir comme constellation… Le cerveau, comme une ville où siège la multiplication des points de vue. Le son, comme une composition orchestrale de l’évocation. L’image, comme une fuite de lumière et d’ombres composant des analogies avec l’espace du dehors, la vie au-delà des « murs », émettant des influx sur l’évènement intérieur, le perturbant, le cautionnant.

La voix, comme une interprétation du tumulte.

La danse – organe fonctionnel du subjectif, comme une mise à nu, donnant terre et corps à l’individu.

Comment écrire dans l’espace et le temps les couches subliminales de la perception et de la reconnaissance? Comment confronter cela à la multiplicité des indices sonores et visuels ? Indices sources du souvenir, petites madeleines…

A travers ce que le neurobiologiste me livre, puis-je donner à voir les mécanismes et interactions en jeu dans le cerveau ? La dimension physique de la mémoire.

A travers ce que le philosophe me livre, puis-je donner à ressentir l’acte poétique du souvenir ? Sa dimension esthétique…

Chimiquement et philosophiquement, le processus de la mémoire est décrit comme un mouvement de la pensée, où la trace, l’indice, le subliminal et l’inconscient co-existent et se télescopent avec le présent unificateur.

J’ai donc proposé à Mathias Youtchenko (Philosophe), Jean-Didier Vincent (neurobiologiste et théoricien de la mémoire affective) de donner libre-court à leur pensée devant ma caméra. J’ai par ailleurs imaginé un troisième film pour Julyen Hamilton (Improvisateur anglais) sur le thème d’une régression imaginaire et autobiographique construite sur un parallélisme associatif avec les définitions de l’homosapiens.

Au moment du montage des films, je voulais donner à voir ce mouvement, le « déplacement » mental (travailler sur la métamorphose et le dialogue dynamique des plans), rechercher une forme qui fonctionne par superposition, dans un montage où prédomine l’ellipse.

Les trois films sont montés comme des objets visuels que le travail chorégraphique et le dispositif scénique éclairent en juxtaposition ou contrepoint.

Dans les soli construits dans un second temps, métamorphose et déséquilibre sont le support d’une recherche formelle sur l’amnésie, l’aphasie et de jeux d’écriture automatique à la façon des surréalistes.

Je les ai réunis en jouant  » orchestralement  » sur la simultanéité, l’écho, le glissement associatif, le dialogue, et l’accumulation.

Je souhaitais créer une déambulation du regard du public qui prenne la place d’une déambulation physique réelle : dans l’espace pensé comme une installation, le regard est invité à percevoir plutôt qu’à voir et l’oreille à flâner à travers les espaces séparés : la danse s’articule entre ses informations : des influx lumineux vidéo projetés, un texte fragmentaire et suggestif. Anamnèse acte 2 est un jeu de strates… une confrontation brute aux matériaux éclatés d’une mémoire à recomposer. Au centre de ce télescopage, le spectateur doit adopter une démarche active et sélective. Proche de la fragmentation et de l’ellipse, Anamnèse acte 2 pose le regard sur la mémoire comme processus.

 

Durée 90 min environ

Chorégraphie, Scénographie et films : Haïm Adri

Assistante au montage des films : Muriel Adri

Interprètes de la pièce : Nathalie Hervé, Jörg Muller, David Thénard

Interprètes des films : Julyen Hamilton, Matthias Youchenko, Jean-Didier Vincent (voix off)

accompagné à l’image par Christian Ben Haïm, Samuel Dutertre,

Mychel Lecoq, Nasser Martin-Gousset, Jörg Muller, Bettina Neuhaus, Joëlle Rollet, Petra Sabish

Univers sonore : Arnaud Sallé, Laurent Sellier, Frédéric de Ravignan, Benoît Hillebrant, Haïm Adri

Lumière : Marie Vincent

Construction : Luc Lauga, Christian Boissoux 

En coproduction avec la Cie Sisyphe Heureux – le Centre National de la Danse – le Théâtre Gérard Philippe de Champigny-sur-Marne.

Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France (dans le cadre de l’aide à la création) – l’Association Beaumarchais – la SPEDIDAM